FESPACO





Chaque année, la capitale burkinabée, Ouagadougou, organise le FESPACO,  c'est le festival de cinéma le plus grand d'Afrique. Cette année le Burkina accueillait sa 25eme  édition.
Qu'est-ce que le FESPACO ?
 
           Le FESPACO c'est beaucoup plus que du cinéma, c'est un immense festival où toutes les cultures africaines se mélangent et échangent entre elles, c'est un super moment de convivialité. Durant 3 semaines 150 films venant de tout le continent africain sont projetés dans les salles de Ouaga et, à la fin, sont remis plusieurs trophés pour récompenser les meilleurs de ces films.
Notre envoyée spéciale, Tatiana Miralles, a rencontré Rodrigue Kabore qui est un des organisateurs du Fespaco ; durant l'interview il nous a parlé du déroulement du festival et également de la manière dont il selectionnait les films qui allaient être projetés. En effet les longs métrages présentés au FESPACO abordent plus des sujets comme l'amour, la politique, les émotions... il nous explique que le choix des films doit être varié. Cette année le festival a reçu 1000 candidatures, en a sélectionné 19 et parmi elles, a nominé 3 films burkinabés ; mais ils n'ont pas reçu l'Etalon d'or. C'est le film sénégalais Félicité d'Alain Gomis qui l'a remporté ; cet artiste n'est pas inconnu de ce festival là, puisqu'il l'avait aussi remporté en 2013.
Aujourd'hui le Fespaco reste l'un des événements culturels les plus grands et les plus populaires d'Afrique malgré un petit budget de seulement 1,2 million d'euros
qui est vraiment minime par rapport aux grands festivals Européens comme celui de Cannes qui a un budget de plus de 20 millions d'euros.

          Le Burkina - Faso compte un petit nombre de cinémas, contrairement aux pays européens ou américains. Notre envoyée spéciale a questionné
Rodrigue Kaboré, qui est aussi l'un des gérants d'une salle de Ouagadougou - la plus ancienne et la plus grande. Durant son interview, on découvre le goût et la fréquentation des Ouagalais pour leur salle de cinéma. Ils s'y rendent régulièrement et sont particulièrement intéressés par les films burkinabés. Les thèmes abordés par ces derniers sont aussi larges que "tout ce qui se passe dans une cité" d'après Rodrigue. Ils traitent par exemple des inégalités sociales ou de genre. Un thème est particulier : la parenté à plaisanterie! On entend sous cette appelation une manière d'éviter les conflits entre les quelques 60 ethnies qui vivent au Burkina ; il s'agit alors pour les groupes entre lesquels il existe des tensions de s'adresser à l'autre ouvertement mais toujours sur le mode de la dérision. Par exemple la rencontre entre deux individus de groupes traditionnellement opposés sera verbalisée dans un échange qui traitera l'un de voleur de bétail et l'autre de mauvais commerçant sur le ton de la plaisanterie... les tensions s'arrêtent là, sans violence, car ils sont "parents en plaisanterie".


         Les conditions matérielles se sont très récemment améliorées avec le passage au numérique et des films qui tiennent désormais dans la poche, ce qui coûte beaucoup moins cher pour les transports tout en assurrant une meilleure qualité. Jusqu'en décembre 2016, le projectionniste devait rembobiner la pellicule à la main, soit 30 kg à manipuler plusieurs fois pour un film de 2 heures! Mais les salles de cinéma et notamment celle de Rodrigue nommée "Neerwaya" ce qui signifie la beauté, étaient et sont toujours ouvertes 7 jours sur 7 avec plus de trois projections par jour. Cependant malgré un prix d'entrée faible à nos yeux - 1000 francs CFA, soit environ 1 euro 50, ce loisir n'est pas accessible à tous les Burkinabés car
un salaire moyen s'élève à moins de 60 euros par mois. Ce sont les classes moyennes et aisées qui viennent régulièrement.
Pour autant, le pays regorge de ressources culturelles et ce domaine d'activité est en pleine expansion. "C'est une oasis culturelle pour les cinéphiles" dit G. Barbot , interrogé par notre envoyée spéciale. Ce franco-burbinabé est photographe et réalisateur d'un film sélectionné au FESPACO, Eva, dont le scénario est inspiré d'histoires d'enfants d'expatriés au Burkina. La culture burkinabé se transmet peu à peu, en particulier par la projection de films burkinabés dans des salles françaises ou encore par la vitrine du FESPACO.